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« Désengorger les urgences avant la fin 2024. » La promesse d’Emmanuel Macron était belle, mais purement incantatoire puisque non accompagnée des grandes mesures structurelles indispensables pour sortir les hôpitaux de l’ornière dans laquelle ils s’enfoncent depuis des années.
Cet été, la liste des urgences fermées la nuit, tous les jours ou de manière récurrente est redevenue est une longue litanie, et les délais d’attente pour les patients, qui doivent être hospitalisés urgemment, se comptent souvent en jours, voire en semaines. Impensable il y a seulement quelques années, ce constat de carence majeure ne semble plus choquer certains responsables politiques, comme en témoigne l’autosatisfecit, mi-août, du ministre délégué à la santé démissionnaire, Frédéric Valletoux, expliquant qu’avec une « cinquantaine d’hôpitaux en tension », la situation est meilleure qu’en 2023…
Comment s’habituer à de tels chiffres, probablement loin de la réalité d’ailleurs, qui cachent tant de souffrances pour les malades et leurs proches, tant de complications et d’angoisses, et de plus en plus des pertes de chances de traitements qui risquent de se traduire, hélas, par des décès normalement évitables ? Sans parler des conditions de travail de tous les personnels hospitaliers, en première ligne face aux dysfonctionnements qu’ils tentent d’atténuer par un engagement sans faille, mais à qui on ne peut demander à la fois des efforts non récompensés et la recherche de solutions à des problèmes dont ils ne sont en rien responsables.
L’été est une période difficile du fait des congés, mais les épidémies de l’automne et de l’hiver provoquent, tous les ans, les mêmes engorgements aux urgences et en pédiatrie. Les services de psychiatrie ou de gériatrie, eux, sont débordés en toutes saisons. La crise est profonde et en rien conjoncturelle.
La saturation des urgences est la conséquence des dysfonctionnements de l’ensemble du système hospitalier, voire du système de santé dans sa globalité. Les trois étapes du parcours de soins sont touchées par des défaillances : en amont, par les insuffisances de prise en charge précoces et régulières conduisant à un recours accru aux urgences ; au sein des services d’urgences, par les pénuries de personnels ; en aval, par le manque de lits pour hospitaliser les patients.
Il est donc impératif et urgent de construire et de déployer un grand plan de redressement de l’hôpital public, avec pour objectifs premiers les besoins des patients, et comme levier d’action la défense de ses personnels. Toutes les réformes institutionnelles, organisationnelles ou technologiques, aussi pertinentes soient-elles, ne suffiront jamais à sortir les hôpitaux de la crise si les soignants ne sont pas considérés à leur juste valeur, c’est-à-dire la ressource vitale et la richesse essentielle de tout établissement de santé. Le soin est avant tout humain et, encore plus que tout autre service public, l’hôpital ne peut jouer son rôle qu’avec des personnels en nombre suffisant, reconnus pour leurs compétences et leur engagement, et dotés des moyens nécessaires pour mettre en œuvre leur savoir-faire.
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